Festival d'Anjou 2023, visite guidée par Jean Robert-Charrier
Le directeur artistique du Festival d’Anjou annonce une édition équilibrée, avec une grande diversité de spectacles qui pourront satisfaire tous les publics. “Je n’ai retenu que des spectacles que j’ai aimés en tant que spectateur.” Wik fait le tour de la programmation en sa (bonne) compagnie.
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Propos recueillis par Patrick Thibault
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À l’affiche
On découvre le visage de Léa Millet sur l’affiche du festival. Elle est la Cendrillon de Joël Pommerat. Celle qui reprend le rôle et qui a été unanimement saluée pour sa performance. “C’est l’un des meilleurs spectacles de cette dernière décennie et je dirais même que, pour moi, il est l’un des plus grands spectacles de son temps.”
Cendrillon Vendredi 16 et samedi 17 juin à 19h, dimanche 18 juin à 17h, Grand-Théâtre, Angers.
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Molières SVP
Oublie-moi, cette pièce a remporté 4 Molières (meilleur spectacle du privé, meilleure mise en scène, meilleur comédien pour Thierry Lopez et meilleure comédienne Marie-Julie Baup). “Personne n’y croyait. La pièce est devenue un des grands succès du off d’Avignon 2022, la presse est dingue, les Molières. Cette très belle histoire d’amour d’un jeune couple confronté à une maladie rare est bouleversante.”
Oublie-moi Mardi 13 juin à 21h30, Cloître Toussaint, Angers.
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Catherine !
“Dans la vie, il n’y a rien de mieux qu’une actrice de théâtre”, lance Jean Robert-Charrier. Il a plus qu’un faible pour Catherine Hiegel qu’il programme dans deux spectacles. Deux textes de Jean-Luc Lagarce et deux mises en scène de Marcial Di Fonzo Bo. “ Catherine est prodigieuse dans Les règles du savoir-vivre. Elle viendra en voisine puisqu’elle habite tout près. On la retrouvera le lendemain dans Music-Hall, un rôle extrêmement différent. Deux interprétations dingues. Je suis très fier d’avoir cette immense interprète au festival.”
Les règles du savoir-vivre dans la société moderne Vendredi 23 juin à 20h.
Music-hall Samedi 24 juin à 20h, Le Dôme, Saumur.
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Dominique et Fanny
Dominique Blanc reprend La Douleur. Un récit autobiographique de Marguerite Duras qui avait été mis en scène par Patrice Chéreau. “Elle avait obtenu le Molière de la meilleure actrice en 2010 et c’est un spectacle extrêmement impactant. Depuis, elle est entrée à la Comédie-Française qui a accepté que le spectacle soit repris et nous avons la chance d’avoir une représentation au festival. Autre femme passionnante et passionnée, Fanny Ardant que nous aurons en création pour une lecture musicale d’un texte d’une grande tension de Erri De luca. On entend déjà sa voix.”
La Douleur Mardi 13 juin, Grand-Théâtre, Angers.
Impossible Vendredi 16 juin à 20h30, Cloître Toussaint, Angers.
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The coup de cœur
“Tous les spectacles de l’édition sont des coups de cœur mais s’il ne devait y en avoir qu’un, ça serait L’Orage”, martèle le directeur artistique. “Si je n’avais qu’un seul spectacle à recommander, ça serait celui-là car c’est un spectacle qui change les spectateurs. Ça dure 2h30 mais il ne faut pas avoir peur du théâtre russe car c’est un grand spectacle avec beaucoup d’interprètes. L’actrice Mélodie Richard y est exceptionnelle dans un rôle ultra-difficile.”
L’Orage Vendredi 30 juin à 21h30, Le Plessis-Macé.
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Comédies
Le succès du Festival d’Anjou tient à la programmation de comédies qui, grâce à leur succès, permettent de proposer des spectacles plus ambitieux. Jean Robert-Charrier défend des comédies qui ne prennent pas les gens pour des imbéciles : “il y a tellement de comédies bas de gamme”.
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On verra Chers parents en ouverture (Vendredi 9 et samedi 10 juin à 21h30, Arènes de Doué-en-Anjou) : “une comédie hyper bien écrite, créée sans vedette et qui fait le plein partout”.
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Les gros patinent bien : “C’est une prouesse dingue d’acteurs et de technique. C’est fait avec des bouts de carton et ça remplit des salles gigantesques. Un spectacle très grand public, intelligent, brillant et stupéfiant” (Château du Plessis-Macé, mardi 20 et mercredi 21 juin à 21h30).
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1983 est une pièce que Jean Robert-Charrier a écrit pour Chantal Ladessous : “J’ai une passion absolue pour la grande tragédienne qu’est Catherine Hiegel mais aussi pour cette grande boulevardière qui est la dernière. Ce tempérament, cette gouaille, la force physique, ça n’existe plus.” Vendredi 23 et samedi 24 juin à 21h30, Le Plessis-Macé).
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Berlin Berlin (Molières 2022 de la comédie et du comédien dans un spectacle de théâtre privé) : “Là aussi, une comédie qui ne se moque pas des spectateurs. C’est extrêmement efficace, burlesque avec une salle pliée en quatre” (lundi 26 et mardi 27 juin à 21h30, Le Plessis-Macé).
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Thomas VDB s’acclimate : “C’est génial, épatant. J’ai rarement autant ri dans un seul en scène. Loin du stand-up idiot, c’est drôle et politique, sans être clivant” (Samedi 1er juillet à 21h30, Le Plessis-Macé).
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A-t-on toujours raison ?, “Côté clown, c’est mon coup de cœur absolu de toute ma vie. Fred Blin est un clown qui vient sur scène raconter la difficulté du métier d’acteur. C’est sa détresse qui nous fait hurler de rire. C’est génial.” (mercredi 14 juin à 21h30, Cloître Toussaint, Angers).
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Locomotives
Quelques spectacles qui s’imposent par la force de ceux qui les portent ou par ce qu’ils sont. Tous les marins sont des chanteurs, une sorte de comédie musicale de François Morel, “drôle, brillante, extrêmement bien écrite”. Au Plessis-Macé, ça sera merveilleux (lundi 12 juin à 21h30). Les Étoiles, un troisième spectacle de Philippe Caubère d’après Les Lettres de mon moulin de Daudet : “Il est notre plus grand conteur, un immense interprète qui a marqué le théâtre français et me fascine complètement” (Jeudi 15 juin à 21h30, Cloître Toussaint, Angers). En attendant Godot dans une mise en scène d’Alain Françon : “Le plus grand metteur en scène français vivant et c’est la première fois que je vois la pièce montée aussi intelligemment” (lundi 19 juin à 21h30, Le Plessis-Macé 19 juin). Le Dom Juan avec la Troupe de la Comédie-Française pour finir en beauté (mercredi 5 et jeudi 6 juillet à 21h30, Le Plessis-Macé).
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Le concours des compagnies
Jean Robert-Charrier, qui aime mélanger le théâtre privé et le public “car ce qui compte, c’est que ça soit beau”, est ravi d’investir le théâtre 400 du Quai pour le Concours des Compagnies. Le public découvrira 5 créations géniales de compagnies émergentes, 5 histoires passionnantes. On démarre avec La Fin du début, un spectacle singulier furieusement drôle sur l’angoisse de la fin et autour de Michel Berger (lundi 19 juin à 19h). Dernier amour, “c’est très émouvant, très drôle et plein d’idées” (mardi 20 juin à 19h). 4211 km est une pièce “bouleversante sur l’Iran qui nous parle de la révolution, il y a 43 ans” (mercredi 21 juin à 19h). Avec Céline, Juliette Navis a inventé un spectacle autour de la figure de Céline Dion “avec un accent québécois à couper au couteau. Comme une fable sur la vie et la mort” (jeudi 22 juin à 19h). Tenir debout, de Suzanne de Baecque, est un spectacle sur l’univers des miss. “Le théâtre la révèle et elle va atteindre une grande notoriété au théâtre, c’est certain.” Le concours se terminera par la présentation de La Campagne, spectacle mis en scène par Sylvain Maurice, actuel directeur intérimaire du Quai avec Isabelle Carré (deux nominations aux Molières 2023).
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Festival d’Anjou Du 10 juin au 6 juillet.
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Photos : Oublie-moi © Frédérique Toulet / Les Règles du savoir-vivre © Jean-Louis Fernandez / La Douleur © Richard Schroder / Impossible © Mara Desipris
Chers parents © Christophe Lebedinsky / 1983 © Jean-Louis Fernandez / Thomas VDB © Maud Sakri
Tous les marins sont chanteurs © Manuelle Toussaint / Les étoiles, Philippe Caubère © DR / Tenir debout © Jean-Louis Fernandez